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Avoir du sable dans le vagin. 

L’expression est balancée en pleine face, en plein écran. Parce que t’as exprimé de la colère, de l’indignation, de l’irritation, parce que tu déranges, parce que t’exagères, juste parce que. T’es une femme qui parle. Qui confronte. Qui refuse. Qui use de sa voix. 

Et que pour te faire taire, te faire feeler cheap, t’humilier, on va te ramener entre tes deux jambes, à ton sexe, à ton sexe qui semble incompétent, pas accueillant. À ton sexe qui ne ferait pas sa job, celle d’être mouillée, prête à recevoir la grand visite. 

 

On va te proposer une petite pelle. Quand on est généreux. Avenant. Que tu te soulages, te délestes de ton désert. Que tu cesses d’être sèche, pas baisable tellement t’es irritante. On va te dire que t’es un terrain pas fertile, des mots que tu alignes à tes fonctions biologiques. On va t’invalider jusque-là. D’un bout à l’autre. 

 

Mais si avoir du sable dans mon vagin, ça veut dire que ce que je dis ébranle, que « on » n’a pas de meilleurs arguments que ça à me donner, une pelle, que ma colère, elle le gosse au point où il doive aller, lui, jusque-là pour se défendre, ça me fait plaisir de le revendiquer : je suis sablonneuse. Et je pitche mon sable comme des confettis. 

 

Parce que. J’ai raison. D’être irritée, en calice, triste, indignée. « On » devrait l’être, aussi. Les agressions, la violence, les salaires, la charge mentale, les doubles standards, le pas pouvoir, la pauvreté, y’a un genre qui écope plus que l’autre. Et chaque fois qu’on me demande « As-tu du sable dans ton vagin? », je réponds que « vraiment ». 

 

Paraît que c’est bon, une exfoliation. 

 

- Véronique Grenier

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